René Heuzey est partis en Argentine pour notre association Un Océan de Vie avec Thierry Gagliano un de nos ambassadeurs et également pour un nouveau tournage et il est resté sur place en tout 3 semaines.
« YESSSSSSS ça y est !Après près de 40 ans de métier, je découvre et m’émerveille toujours autant.
J’ai enfin réalisé non pas un mais 2 de mes rêves. 1 filmer la fameuse baleine franche. 2 Filmer une baleine blanche. Avoir les 2 sur le même plan, c’est magique.
Ces mammifères sont incroyables et ici il y en a partout. Les scientifiques ont effectué un vol aérien et en 1 journée, ils en ont dénombré 826 dont 77 bébés. Cette année la barre des 2000 baleines a largement été dépassée. C’est incroyable il y en a de partout. Le spectacle est aussi beau du bateau que sous l’eau. On oublie l’eau froide 11° et l’air à 10/12° tellement c’est beau.
Ici tout est très bien réglementé très stricte et très bien structuré. Il n’y a que 6 tours opérateurs qui peuvent sortir en même temps mais un seul bateau par compagnie. Tout le monde respecte les distances et personnes ne va dans l’eau.
Grâce à mon ami Philip Hamilton que je remercie infiniment, nous avons obtenu des permis de tournage spéciaux. Nous avons à bord tous les jours un agent du parc national et une personne qui fait notre sécurité dans l’eau.
Les gens sont adorables et respectent l’environnement. Ce n’est pas pour rien que la région fait partie du patrimoine de l’UNESCO.
Oui, c’est magnifique et exceptionnel surtout quand la baleine te regarde de près, tout change en moi. Mais parfois, c’est aussi très chaud, car lorsqu’un bébé te voit dans l’eau, il a envie de jouer avec toi, il ne contrôle pas sa force et vient jusqu’au contact. Il peut te faire très mal involontairement.
Je n’ai jamais eu autant de montée d’adrénaline et surtout un self contrôle. Du coup, on ne sent plus le froid.
Par contre, le soir, pendant que vous êtes encore sous la canicule en France, ici avec Thierry Gagliano et Philip Hamilton nous nous réchauffons auprès d’une grande cheminée. Nous sommes bloqués depuis hier et jusqu’à demain à cause du vent. Le port est toujours fermé. Ce n’est pas Maurice ni la Polynésie.
Comme vous pouvez le voir, la particularité de ces baleines, c’est qu’elles ont beaucoup de callosités. Ce sont des plaques blanches irrégulières de tissus épaissis et kératinisés. Ces tissus constituent l’habitat de trois espèces de crustacés amphipodes spécialistes des baleines franches. C’est comme ça que l’on peut les identifier.
Il y a aussi ici des otaries et des lions de mer. Et bientôt des manchots vont arriver. Nous sommes toujours en tournage en Argentine avec cette semaine des images exceptionnelles.
Je vous la fais courte :
Quand une baleine franche grise s’accouple avec une baleine franche noire cela donne un baleineau blanc qui deviendra gris plus tard. Quand on se regarde face à face, tout change en moi.
J’ai enfin pu filmer un accouplement et même deux. Encore un de mes rêves. Maintenant que nous avons identifié la femelle, nous espérons la revoir l’année prochaine avec son bébé. Et là si tout va bien, nous pourrons enfin connaitre le temps de gestation, plus précisément à quelques jours près. Affaire à suivre avec Un Océan de Vie de René Heuzey.
Il ne me reste plus qu’à filmer un accouchement. Cela fait 15 ans que j’attends ces moments avec les cachalots de Maurice. Mais je n’abandonne pas, je continue.
Enfin, j’ai tourné une séquence avec des dauphins obscurs, les Dusky dolphins, ils n’arrêtaient pas de venir jouer avec moi. Puis une baleine franche est arrivée, c’était magique.
Je remercie une nouvelle fois nos amis rangers ici qui nous guident, assurent notre sécurité tout en nous surveillant. Ici en Argentine, tout change très vite d’un jour à l’autre. Depuis deux jours, nous suivons des orques qui sont venues attaquer les baleines. Elles ont tué au moins deux baleineaux qui avaient seulement quelque semaines. Les images sont impressionnantes.
Nous avons retrouvé un bébé échoué sur la plage. Il devait avoir au moins 3 semaines avec ses 4 mètres de long. Sa langue a été arrachée. Les autorités l’ont tiré vers le large pour le couler.
Décidément cette année, en même pas deux mois, après les cachalots du Japon, je me retrouve maintenant avec un baleineau mort en Argentine. Je ne vous raconte la tristesse que j’ai ressenti une nouvelle fois.
Par contre, ici, on connait bien la cause et malheureusement chaque année beaucoup de bébés ne survivent pas.
Vous connaitrez les raisons dans notre prochain film.
Ici, on voit bien sûr son dos, des coups de bec qu’il a reçu des mouettes. Du fait qu’ils n’ont pas encore suffisamment de graisse, les blessures atteignent leur chair. Les jeunes sont stressés et n’arrivent plus s’alimenter correctement.
Quant aux orques, ce n’est pas pour rien qu’elles sont classées prédateur numéro un de la chaîne alimentaire. J’ai réussi à en filmer jusqu’à 5 sous l’eau. La dernière fois que j’en avais filmé, c’était en Nouvelle-Zélande pour le film Océans de Jacques Perrin et Jacques Cluzaud. Ils ont réagi envers moi exactement de la même manière. C’était incroyable.
Faut-il les blâmer pour leurs actions ? Ce n’est pas à nous de décider. Nous devons laisser faire la nature. Après avoir passé 3 semaines en Argentine, notre tournage se termine. Nous avons fini en beauté avec notre membre d’honneur Diego Buñuel et son équipe. Ce sera une très belle émission que vous découvrirez début 2026.
Avec notre association Un Océan de Vie de René Heuzey, nous avons pris des photos et vidéos qui aideront les scientifiques sur place.
Cette année, c’est un nouveau record. Plus de 2000 baleines franches ont été comptabilisées et la saison n’est pas encore terminée.
Notre tournage est soumis avec des autorisations spéciales du gouvernement argentin et la logistique de la compagnie Bottazzi. Merci à eux. »